Que veux-tu de moi? [PV Alex *_*]

Naomie ouvrit les yeux et fixa un instant le plafond de sa chambre. Il faisait déjà clair parce qu’elle ne fermait jamais le volet. Elle tourna les yeux vers sa lampe de chevet, allumée. Elle était toujours allumée. Mais évitons ce sujet car, pour la capitaine des cheerleaders, ce n’est pas forcément gratifiant de laisser sa lampe de chevet allumée. Nao grogna et s’étira puis finit par se lever d’un bond. Elle fit tout de suite son lit puis se dirigea vers sa salle de bain, avant que sa colocataire ne se lève. Elle se lava rapidement puis se sécha les cheveux et enfila son peignoir avant de retourner dans sa chambre. Elle ouvrit son armoire et prit une mini-jupe avec un chemisier blanc. Elle s’habilla puis enfila des chaussettes et des petites baskets. Elle se coiffa les cheveux qu’elle laissa détachées puis prit ses affaires de cheer, lavées et repassées, et les mit dans son sac de sport. Elle prit son sac de cours et partit vers la cuisine, carrément en avance par rapport à sa première heure de cours. Elle but rapidement un verre de lait puis ouvrit le frigo et attrapa une barquette de fraise. Elle enfila un gilet et sortit de son appartement. Elle mangea une fraise avant de monter dans sa voiture après avoir posé ses deux sacs sur le siège passager. Elle posa les mains sur le volant et soupira.

Il n’y avait que lorsqu’elle était sûre et certaine d’être complétement seule qu’elle se laissait un peu aller. Qu’elle commençait à se morfondre, à être triste ou à se laisser un peu envahir par son mal-être. Il était hors de question pour elle qu’on la voit comme ça sur le campus ou parmi ses amis. Pas après tout le mal qu’elle s’était donné pour se forger l’image qu’on avait d’elle aujourd’hui. Elle ne voulait pas qu’on connaisse ses faiblesses, elle ne voulait pas qu’on sache qu’on fond, elle était loin d’être la fille toujours joyeuse et battante qu’elle semblait être. Il était hors de question que les gens s’imagine qu’elle avait des points faibles et qu’elle avait, chaque jour, vraiment du mal à tenir debout. Nao montrait l’image d’une fille sûre d’elle, joyeuse et provocante devant les garçons, impulsive, battante, possessive et fière devant les filles. Elle s’était faite sa place au campus, pas question de la perdre. Les garçons savaient en général ce qu’elle voulait d’eux. Les filles savaient qu’elle était prioritaire sur ce qu’elle désirait, au risque d’une vengeance souvent amère. Et Nao se satisfaisait amplement de ça. Elle aimait ce qu’on croyait d’elle. Parce que ça semblait tellement mieux que ce qu’elle était vraiment. Elle avait eu beaucoup de mal au début à cacher autant que possible ses peurs. Elle les camouflait maintenant sous des mensonges.

Lorsqu’elle se retrouve seule avec un garçon, tout en elle veut la fuite. Son corps en entier est pétrifié et hurle au désespoir. Et c’est peut être aussi cette peur, cette montée d’adrénaline, qu’elle recherche auprès d’eux. Elle s’attend toujours à ce qu’un coup parte. Le moindre geste brusque la fait se crisper. Mais tout cela elle arrive à le cacher autant que possible. Assez pour qu’on ne lui ait jamais posé de question. De toute façon, quand elle se retrouve seule avec un gars, c’est rarement pour parler. Et en général, ce gars pense à autre chose qu’aux sursauts de notre jolie blonde. En tout cas aujourd’hui elle arrive à cacher tout cela même si c’est toujours présent. Et lorsqu’elle se retrouve dans le noir, là, ça devient intenable. Elle n’accepte tout simplement pas cela, refusant d’être dans une pièce complétement sombre. Quand on commence à la toucher, c’est pire encore. Elle se tend, se crispe, n’aimant pas ça. Elle n’aime pas particulièrement le contact. Etrange pour une fille qui ne recherche que le sexe auprès des garçons et rien d’autre ? Oui surement. Mais ce n’est pas eux qui s’en plaignent. Elle passe tout de suite aux choses sérieuses et refuse qu’on la touche, qu’on joue avec sa patience ou autre. Elle n’est pas gênée de se retrouvée nue, mais elle n’aime pas le contact des mains. Bref, tout cela l’amène à être souvent fébrile et nerveuse. Lorsque les flashs de ses souvenirs commencent à arriver, elle prend la fuite. Mais lorsque c’est impossible, il est fréquent qu’elle fasse un malaise. Et ça reste son pire cauchemar…

Nao grogna en pensant à tout cela, et finit par mettre la voiture en route et se diriger vers Westmount. Elle entra dans le parking et gara sa voiture, à sa place réservée, à côté de celle de Lyah, la sous capitaine des cheers et sa meilleure amie. Peut-être même sa seule véritable amie en fait. Nao était entourée de beaucoup de monde, mais finalement, peu comptait vraiment. Elle prit ses sacs et ses fraises et sortit de sa voiture qu’elle verrouilla. Elle accrocha un sac à chacune de ses épaules et se dirigea vers la maison des Alphas. A cette heure-ci, il était encore tôt et peu d’élèves étaient déjà arrivés. De toute façon, elle n’avait cours que dans une heure. Elle marcha donc tranquillement dans le parc puis le long du lac. Elle fouilla dans son sac et en sortit les clefs de l’immense maison blanche remplie de baie vitrée et elle entra. Elle échappa un soupir de contentement en voyant qu’il n’y avait encore personne et elle laissa ses sacs à l’entrée puis se dirigea vers la cuisine. Elle s’adossa au comptoir et commença à manger ses fruits, calmement, perdue dans ses pensées. C’est vrai que l’image que les gens avaient d’elle n’était pas forcément positive. Mais après tout, c’était suffisant pour qu’on ne l’embête plus. Et au final, c’est tout ce qui comptait. Parce qu’elle avait vraiment trop souffert auparavant. Et pouvoir vivre enfin tranquille, c’était mieux qu’un rêve qui se réalise.

Ses pensées partirent sur plusieurs horizons avant de revenir aux garçons. Elle passa en revue tous ceux qu’elle voyait en ce moment. Oui, tous ceux. Parce qu’elle en voyait plusieurs bien entendu, mais elle ne sortait avec aucun. A quoi bon ? Ca servait à quoi quand on pouvait tous les avoir en même temps ? Nao était du genre à retourner voir un gars deux ou trois fois mais à finir par se lasser. Ou alors, si elle ne se lassait pas, elle finissait par fuir parce que le gars commençait à s’attachait. Bref, ils étaient peu nombreux ceux qu’elle avait revus quatre ou cinq fois. Et plus que ça ? Il n’en existe aucun. Nao pensa donc à tous ceux qu’elle voyait et elle esquissa un sourire. Bon, il faut avouer que certains d’entre eux avaient beaucoup de charmes.

Elle mangeait toujours ses fraises, les lèvres recouvertes de pulpes, et perdues dans ses pensées, quand la porte de la maison s’ouvrit. Elle sursauta et regard dans cette direction, pour voir le nouveau venu. Quand il entra, elle le jaugea du regard, de la tête aux pieds, sans gêne. Oui, c’était bien un Alpha donc oui, il avait le droit d’entrer. Nao connaissait les visages de tous les Alphas. Il fallait bien puisque les autres n’avaient pas le droit d’entrer. Après son inspection pour être sûre qu’il ait ce droit, elle le regarda, plus calmement. Il venait d’intégrer la confrérie et Naomie ne le connaissait pas. Elle avait parlé un peu de lui avec Sebastian, leur leader. Elle parlait de temps en temps avec lui. Elle savait que pour entrer dans la confrérie il fallait faire une sorte de grand coup, attirer l’attention de Seb. Comment était-elle entrée ? Et bien… Nao continua de manger ses fraises, rougissant légèrement en repensant à ce jour. Seb était venu vers elle, mais pas pour la même raison que tous ceux qui étaient entrés chez les Alphas. Plutôt pour la même raison que tous les gars qui approchent Nao. Et elle l’avait charmé, elle s’était laissée faire, elle s’était offerte. Et à la fin, elle avait marchandé sa place parmi les Alphas, contre d’autres rendez-vous. Pas très glorieux ? A chacun sa manière ! Elle avait sa place, c’est tout ce qui comptait. Et au final, ça lui plaisait bien, parce que Seb n’était pas quelqu’un de déplaisant. Et puis elle discutait de temps en temps avec lui, ils s’appréciaient. Du moins c’est ce qu’elle ressentait.

Nao continuait de dévisager le nouveau venu et elle se passa la langue sur les lèvres pour récupérer le jus du fruit. Elle esquissa un sourire en coin. Il était mignon, très très mignon. Elle posa sa barquette de fraises et élargit un peu son sourire en se mordant la lèvre, tic qu’elle avait sans le savoir. Elle mit ses mains derrière le dos et croisa les doigts en prenant une pose légèrement enfantine, la tête penchée sur le côté, sourire joyeux aux lèvres, le regard brillant d’amusement :

« Salut ! »