Pause moi un lapin et tu verra comment je réagirais/ Pv Masha

La fac. Toujours la même chose. Les cours en amphi, les autres en groupe. Enfin bref tout le monde connaît ça. Oui mais quand on s'appelle Samuel Davidson, on se fiche un peu de tout ça. Il allait en cours parce qu'il n'avait rien d'autre à faire et parce que son frère aurait fait pareil. Il devait faire pareil … Il n'en avait pas eu le temps. Sam secoua la tête et reviens à la réalité. Il était en amphi à écouter un cours d'histoire de l'art. Il prenait quelques notes mais avait hâte d'avoir fini. Il devait rejoindre Masha dans un café après les cours. Masha, sa meilleure amie, celle avec qui il s’engueulait tout le temps depuis un certain temps sans trop savoir pourquoi. La fin du cours arrive. Enfin, il fut l'un des premiers à être sorti et parti en direction du café en question. Il était quatre heures de l’après midi. Il faisait assez beau pour une fois et le campus grouillait de monde. Sam savait se faire discret quand il voulait même si on le connaissait pour être un trouble-faiteur. Il entra et commanda de suite quelque chose à boire. Un bon café lui ferait du bien après cette journée. Il attendit son amie. Il jeta un coup d'oeil à sa montre. Dix-minutes de retard. Elle devrait arriver. Il jouait avec son téléphone entre deux messages. Vingt minutes … Que pouvait-elle bien faire? Il recommanda un deuxième café. Une demi heure. Il leva les yeux au ciel et soupira. A les filles. Quarante minutes. Sa commençait à faire long! Finalement au bout d'une heure Sam se leva de mauvaise humeur, poussa son siège contre la table et se retrouva devant la porte près à rentrer chez lui observer par les autres étudiants. Il était en colère. On lui avait posé un lapin. Alors qu'il commençait à avancer vers la sortie il aperçut enfin Masha. Il ne put contenir sa colère et l’engueula.

«Putain tu foutais quoi?! Sa fait une heure que je t'attends! Tu fais vraiment chier quand tu veux hein!T’espérais quoi en me faisant poireauter?!»

Il n'était pas vraiment amicale pour le coup. Elle l'avait bien chercher. Il l'aimait beaucoup mais il ne fallait pas abuser non plus. Sam pouvait être patient mais à petite dose. Il avait autre chose à faire que d'attendre. De plus il savait pertinemment qu'elle l'avait fait exprès, du moins il le croyait fermement. Il savait qu'il fut un temps il n'aurait pas réagit ainsi. Il était un peu différent depuis le tragique accident. Et cela faisait quatre ans que ça durait. Quatre années durant lesquels il n'était plus le gentil garçon que Masha avait du connaître.

Mashka allait être en retard, elle le savait. Elle le savait parce qu’elle l’était déjà. Elle avait dit 16 heures à son ami Samuel, mais cela faisait déjà presque quinze minutes que l’heure en question était passée. Mashka allait être vraiment en retard. Et pourtant, elle tenait absolument à passer chercher ce fameux livre dont parlait le professeur Stevens dans son cours de linguistique, à la bibliothèque. Elle aurait parfaitement pu y aller après son café avec Samuel, mais c’était sur son chemin et elle avait vraiment la flemme de faire un aller-retour gratuit. Samuel attendrait. Mashka était systématiquement en retard. Cela s’expliquait par e simple fait qu’elle était douée d’une patience hors normes, si bien qu’elle ne trouvait aucun inconvénient à attendre quelqu’un avec qui elle avait convenu d’une heure de rendez-vous et par conséquent, elle supposait que tout le monde était comme cela. Ce n’était pas vraiment le cas de Samuel, même si, en règle générale, il ne lui en tenait pas rigueur. Elle avait déjà vingt minutes de retard quand elle envoya un texto à son ami pour ne pas qu’il s’inquiète. En retard, sorry. Elle ne donnait pas d’explication pare qu’elle n’en avait pas, ou du moins celle qu’elle avait, et Mashka la trouvait vraiment valable, ne serait clairement pas jugée recevable par Sam. Elle ne donnait pas non plus de délai parce qu’elle savait pertinemment qu’elle ne le respecterait pas.

Elle se pressa dans les rayonnages de la bibliothèque universitaire. Elle savait exactement ce qu’elle cherchait, le problème c’est qu’elle ne savait pas du tout où chercher… Après avoir tourné plusieurs minutes, elle se résigna et alla se renseigner auprès de la documentaliste pour ne pas encore passer de précieuses minutes dans une vaine recherche infructueuse. La documentaliste en question était une petite femme replète aux cheveux très courts. Elle portait des lunettes roses qui juraient avec son air austère. La femme était au téléphone et ne semblait pas être sur le point de raccrocher. Mashka hésita un moment à partir rejoindre Samy (elle n’aurait jamais que quarante minutes de retard…) mais se disant qu’elle n’avait quand même pas pris tout ce temps pour rien, elle décida d’attendre encore quelques minutes. Elle envoya un second texto. J’arriiiiiiiiiive. C’était complètement faux et par conséquent complément malhonnête, mais elle voulait voir son Samy Chéri et refusait catégoriquement de prendre le risque qu’il se lasse d’attendre et parte. La bibliothécaire finit par lui indiquer l’endroit où se trouvait le livre qu’elle cherchait, et c’est toute guillerette que Mashka se dirigea vers la cafétéria, son pavé à la main.

Le livre pour lequel elle avait à présent cinquante minutes de retard était, d’après le professeur Stevens, la Bible de la linguistique africaine. C’était un gros livre qui avait l’ampleur d’un dictionnaire. Mashka le feuilleta sur le chemin du café. Elle était ravie, l’auteur de ce bouquin semblait être un vrai génie ! Elle ferma le livre et leva les yeux. Elle aperçut alors Samuel qui sortait de la cafétéria. La bouche de Mashka s’agrandit en un sourire éclatant, et elle s’écria d’une voix aigüe : « Chatoooooooon ! » Elle n’eut pas le temps de le prendre dans ses bras qu’il vociféra : «Putain tu foutais quoi?! » Han, ça n’allait pas être drôle… « Ça fait une heure que je t'attends ! » En fait cela faisait… Mashka regarda sa montre… Un peu plus de cinquante minutes. Elle eut cependant la décence de ne pas le lui faire remarquer. « Je… » Elle n’eut pas le temps de s’expliquer que déjà Samuel reprenait : « Tu fais vraiment chier quand tu veux hein ! T’espérais quoi en me faisant poireauter ?! » Mashka tenta de s’excuser comme elle pouvait : « Chat, ce n’est pas de ma faute, je me suis faite attaquée par un yéti rose qui essayait de me faire manger de la glace à la pistache ! » C’était une plaisanterie de très mauvais goût. Mashka connaissait son ami et elle savait que cela ne ferait qu’empirer la situation, mais elle ne voulait pas s’excuser. Pourtant elle aurait pu, tenter de se faire pardonner assurer qu’elle était confuse. Mais ce n’était pas son genre… « Et tu sais à quel point je déteste la glace à la pistache… » Bravo Mash, enfonce toi ma grande !

Elle était là toute guillerette. Souriante et si jolie. Ce n'était pas le moment de la trouver jolie. Sam n'avait pas forcément envie de se montrer aimable après ce temps d'attente. Pourtant il avait entendu le chaton qu'elle venait de dire. Son excuse était trop bidon pour lui. Elle mentait sans doute. Il avait beau lui crier dessus elle trouvait toujours de quoi s'amuser. Il leva les yeux au ciel lorsqu'elle lui rappela qu'elle détestait la glace à la pistache. Il le savait. Il avait vraiment envie de lui crier dessus. Sans vraiment de raison. Tout le monde pouvait être en retard. Tout le monde savait aussi que Sam … était Sam et qu'il avait bien changer. Pas toujours en bien.

«Tu pense que je vais te crois. Tu me prend vraiment pour un con.»

Il leva les yeux au ciel une fois encore, ce qui montrait clairement qu'il était en colère. Il n'aimait pas qu'on le fasse attendre. Il avait l'impression qu'elle se foutait vraiment de lui. Il n'avait jamais été si méchant et colérique, d'habitude il se contentait de lui faire la tête et de lui envoyer des mots d'oiseau à la figure. En fait ça les avait toujours fait rire et ils continuaient depuis ce temps là. Sauf que en ce moment ça n'amusait plus Sam. Monsieur faisait encore une crise digne d'un ado. Il avait ses raisons. Il remarqua le livre qu'elle avait sous la main. Il aurait du s'en douter.

«Toujours fourré à la Bibliothèque. T'es pas croyable, vieille chouette ...»

Un léger sourire se dessina au coin de ses lèvres. Il ne lui fallait pas longtemps pour la pardonner. Après tout elle avait été là pour lui quand il le fallait. Elle avait été là quand il allait mal et l'avait toujours bien conseiller. Elle devait sans doute être l'une des seules qui connaissait autant de choses sur lui. Qui connaissait les raisons de son comportement. Non il n'était parfait. Il était même imparfait et il l'avait toujours su mais il avait bon fond même s'il refusait de le reconnaître. Il se donnait juste un air pour passer au dessus de tout ça. Du fait qu'il s'engueulait machinalement avec son père depuis la mort de son frère. Qu'il était partis de la maison et qu'il vivait seul depuis. Il n'avait plus réellement de famille. Il n'avait plus que ses amis.

Comme Mashka s'y attendait, son excuse bidon ne prit pas. Sam la connaissait parfaitement et il savait à coup sûr quand elle racontait un bobard, il lui suffisait de la regarder dans les yeux et il savait. Mashka n'aimait pas mentir, mais avec Sam qui savait pertinemment quand elle le faisait, ça lui arrivait plus souvent pour le simple fait que ce n'était pas un vrai mensonge. C'était comme si elle lui disait, avant de commencer à parler, la phrase suivante est fausse. De cette façon, elle pouvait occulter la vérité et Sam pouvait au choix, faire comme s'il la croyait ou creuser un peu plus. Mashka n'aimait pas trop parler d'elle et quand elle n'avait pas envie de développer un sujet quelconque, elle trouvait un mensonge cliché et passe partout qui voulait dire à son ami, j'ai pas envie d'en parler. Dans cette situation, où Mashka n'avait aucune explication valable pour expliquer son retard, elle avait décidé de sortir une excuse bidon et totalement improbable. Sam, comme Mashka le savait, n'y crut pas une seule seconde : « Tu penses que je vais te croire. Tu me prends vraiment pour un con... » Ce n'était pas du tout le réaction que Mashka désirait. Elle ne voulait pas énerver son ami davantage, encore moins lui faire penser qu'elle se foutait de sa gueule. Certes, elle se moquait un peu de lui, mais c'était gentil, amical. Mashka baissa le regard. Elle était allée trop loin, elle le savait.

Gênée, elle dégagea derrière son oreille un mèche rebelle de ses cheveux châtains et elle leva à nouveau les yeux vers son meilleur ami. Elle était désolée. Ses yeux clairs imploraient silencieusement le pardon de son ami. Il avait réagit de manière excessive et Mashka, qui connaissait sa situation ne pouvait pas lui en vouloir, même si elle trouvait cela injuste parfois. Bon là ce n'était pas injuste, une heure de retard ce n'est pas excusable, il avait tous les droits d'être en colère. La voix de Mashka baissa d'un ton, et de gaie, devint grave. « Je suis désolée, je ne pensais pas... Je n'ai pas réfléchis. » C'était le cas, elle était partie du principe que Samuel l'attendrait patiemment, le temps qu'il fallait, elle n'avait pas envisagé la possibilité qu'il avait mieux à faire que de poireauter une heure à la cafétéria. Surtout que comme elle le connaissait, il n'avait sûrement sur lui aucun livre pour passer le temps. « C'était égoïste. » Samuel sembla se calmer légèrement. La jeune fille était honnêtement désolée Elle chercha à nouveau le regard de son ami et sourit timidement. Sam leva les yeux puis remarqua le livre que le russe tenait entre ses mains.


« Toujours fourré à la Bibliothèque. T'es pas croyable, vieille chouette ... » Vieille chouette. C'était gentil ! Sam esquissa un sourire. Et Mashka haussa les épaules d'un aire de dire que veux-tu ? On ne change pas un vieil oiseau comme moi. Deux petites fossettes se creusèrent sur les joues de Mash alors que son sourire s'agrandissait. « J'ai quand même le droit à un câlin ? » Sans attendre la réponse, elle enfouit sa tête dans le cou de Samuel. Ils avaient toujours été très tactiles, depuis qu'ils se connaissaient, ils dormaient ensembles dans les bras l'un de l'autre, comme un frère et une soeur. Ils se serraient dans les bras pour se dire bonjour et avant de se quitter. Samuel avait eu besoin de ce contact physique après l'accident de son frère. Mashka avait gardé cette habitude, d'être le plus proche possible de lui, lui faire savoir qu'elle était là, pour lui, avec lui. « On se prend ce café ? C'est moi qui invite. » C'était le moins qu'elle pouvait faire.

Ils entrèrent dans le cafétéria et Mashka se pressa vers le jeune homme derrière son bar pour lui commander un latte macchiato à la canelle pour elle et un Moka corsé avec deux sucres pour lui. C'était son préféré. Et elle voulait lui faire oublier son retard alors tous les coups étaient bons pour se faire pardonner. Elle retourna à la table où Samuel s'était installé, posa son sac sur la chaise libre à coté du garçon et s'installa en face de lui. Elle lui adressa un nouveau sourire. « Comment s'est passée ta journée Bichon ? » Le serveur apporta leur commande et Mashka paya en souriant.

Cette fille était décidément la personne qui comptait le plus pour lui. Il ne voulait pas la perdre pour si peu. Il c'était un peu trop rapidement énervé et perdait souvent le contrôle de lui même. Il avait pourtant il fut un temps été quelqu'un de très patient et Mashka le savait. Quand ils étaient aux lycées tous les deux il aurait pu attendre des heures sans rien lui dire sans rien lui reprocher et juste l'attendre en silence parce que le silence lui permettait à cette époque de se vider la tête et d'oublier qu'il était le plus jeune de la fratrie et que son père n'avait d'yeux que pour son frère aîné. Aujourd'hui le silence le rendait fou et lui faisait à chaque fois revivre les pires moments de sa vie. C'était sûrement pour cela qu'il dormait peu la nuit. La nuit était bien trop silencieux et ses rêves trop hantés par le fantôme de son frère qu'il avait vu mourir. Il se sentait encore aujourd'hui responsable et gardait ce petit détail pour lui. Il n'en avait jamais vraiment parler avec Mashka parce qu'elle savait que c'était un sujet sensible.

La jeune femme s'excusa. Samuel sourit. Il ne voulait pas la perde. Des vrais amis de pardonnent tout. Eux se connaissaient depuis tellement de temps. Tout gâche pour une petite heure d'attente ce n'était rien. Il fut cependant surpris qu'elle le prenne dans ses bras. Sam n'avait jamais été très tactile il préférait de loin faire un simple sourire et ne pas devoir se jeter dans les bras de quelqu'un. Il avait si peu serrer son frère dans les bras. C'était comme si le trahissait. Il se sentait toujours coupable de tout. Elle l'emmena dans la cafétéria et se racheta en lui offrant un café. Elle revint à la table et lui demanda comment c'était passé ça journée.

«Comme une journée de cours … et toi ?»

Il n'aimait pas parler de lui. Il n'avait pas envie de raconter tout ce qu'il faisait et jugeais que ça ne regardait que lui. Il avait pris l'habitude de donner des réponses vagues et de passer à autre chose. Il croyait tellement peu en lui qu'il évitait qu'on parle de sa vie où de ce qu'il faisait, du moins parler de lui de sa vie privée. Il était réputé à la face pour être un fauteur de trouble autant dire qu'on entendait souvent parler de lui.