Maria Pavlina Pokrovski

Mashka a eut une enfance des plus banale, deuxième fille de Nikolaï et Olga Pokrovski. Elle est née à Saint-Pétersbourg où vivaient ses parents et sa sœur, d’un an son aînée, Viktoria, depuis quelques mois. Très peu de temps après la naissance de la jeune Maria, ses parents immigrèrent aux États-Unis où Nikilaï avait obtenu un poste des plus intéressants. C’est ainsi que la famille Pokrovski arriva aux États-Unis. Olga, archéologue de renommée mondiale était souvent en déplacement et Mashka et son aînée furent élevées par une gouvernante américaine, Cassandra. Cassie était une vieille femme discrète et peu autoritaire qui avait beaucoup de mal à contenir les deux jeunes enfants aux forts caractères très différents. Viktoria et Mashka se sont distinguées dès leur plus jeune âge. Vika était une enfant dure et volontaire qui aimait être prise pour exemple, toujours à la pointe de la mode elle suivait toutes les tendances presque aveuglément. Elle aimait les arts et les garçons. Elle a très vite acquis une réputation de leadeur et a été toujours fait partie des groupes influents au lycée et à l’université. Elle étudie sans ambition le droit social et préfère à ses études son groupe d’amis populaire, sa confrérie et son petit ami. Mashka au contraire était sage et calme, mais toujours à l’écart, cherchant avant tout la distinction plutôt que l’approbation, toujours jalousée, elle était plutôt solitaire. Mais n’ayant besoin de personne, cette solitude lui convenait. Systématiquement en désaccord l’une avec l’autre, les deux jeune filles ont toujours eu du mal à se supporter et dès qu’elle eu l’âge pour quitter le domicile familial, Vika déménagea dans un appartement près du campus. Incapable de se débrouiller toute seule, elle engagea une gouvernante. Mashka préféra s’installer à l’internat de l’université la semaine et rentrer chez elle les week-ends. Cela lui permettait d’avoir son monde à elle à l’université, voir souvent sa famille, sans les inconvénients d’un appartement bien que ses parents eurent largement les moyens de lui payer un appartement comme celui de son aînée.

Après Mashka, la famille Pokrovski s’agrandit avec les jumeaux, Pavel et Aleksi. Le plus grand soulagement de Cassandra fut que les caractères de Viktoria et Maria s’adoucirent suite à l’arrivée des jumeaux. Les jeunes garçons, à l’inverse de leurs sœurs aînées, étaient en accord parfait, ils avaient les mêmes goûts, les mêmes loisirs, les mêmes passions. Calmes dans leur enfance, ils développèrent une passe temps des plus désagréables pour l’autorité, les blagues. Plaisantins accomplis, ils firent ensembles les 400 coups, des seaux d’eau, au pétard, en passent pas le sel dans les cookies, tout le monde eut droit à son gag. La seule qui supportait patiemment les blagues, très souvent de mauvais goût des garçons était Mashka, elle arrivait même parfois à les contrôler et à leur éviter certaines punitions. Vika avait plus de mal. Voir toutes ses fringues remplacées par les serpillères fut la goute d’eau qui fit déborder le vase et après cela, il n’y e plus un jour sans que Viktoria ne s’énerva après ses cadets. Aleksi, comprenant qu’il était allé trop loin, cessa les vannes à l’encontre de Vika, mais Pavel, qui n’avait pas autant de compassion continua joyeusement à faire sortit Vika de ses gongs. C’est à ce moment là que les caractères des jumeaux se séparèrent. Aleksi transféra son énergie débordante sur le sport et Pavel continua son chemin de trouble fête.

Très bonne élève depuis sa plus tendre enfance, Mashka développa une véritable passion pour les sciences de la pensée humaine, la philosophie, la linguistique, les neurosciences et les cultures. Sans doute un héritage génétique de sa mère, elle hésita à faire des études d’archéologie pour suivre ses traces, mais elle préféra se distinguer et choisi finalement l’anthropologie qui regroupait à merveille toutes les facettes de sa passion pour l’être humain. Son arrivée à l’université se fit sans encombre. Elle avait clairement le caractère nécessaire pour rejoindre les Gamma, mais elle refusa, ne voulant en aucun cas suivre les traces de sa sœur ayant rejoint les Alpha l’année précédente. De plus, elle était une solitaire et refusait d’être ainsi catégorisée.

Singulier. Dans le sens de remarquable parce qu’il sort de l’ordinaire, pas dans le sens de saugrenu ou anormal. Une autre façon de dire original. Mais je n’aime pas original. C’est un terme qu’utilisent les gens fades et sans goût pour définir ceux qui sortent de l’ordinaire banal dans lequel eux s’engluent. C’est une manière pseudo-habile de cacher un reproche sur ce qu’il semble être un compliment. Ils disent original, comme on dirait timbré. Et même si je n’ai rien contre les fous, ils ont cependant des circonstances atténuantes et par conséquent, aucun mérite à être singuliers. C’est quand on arrive à être remarquable dans la sagacité et le discernement que l’on devient particulier et non plus seulement insolite.
Singulière donc, est, je pense le mot qui décrit le mieux Mashka. Et ce n’est pas qu’une qualité évidemment. Certes cela dénote une personnalité très tranchée, mais c’est surtout la preuve d’une volonté sans faille à être soi même, pour soi-même. Ce qui est sûrement, après réflexion, un tantinet égoïste. Mashka a prit conscience de cette singularité très tard, avant c’était naturel et elle ne pensait pas que ce soit vraiment remarquable. C’est d’ailleurs quand elle a finalement prit conscience de sa forte personnalité et de cette volonté d’affirmer qui elle était que cela a cessé d’être quelque chose de simplement inné pour devenir un jeu. Un jeu dans lequel elle excellait, évidemment. Secrète et unique, elle cultivait sa propre singularité, s’amusait avec, au grand damne de ceux qui cherchent à la connaître.

Elle a un côté idéaliste dans le sens où elle croit vraiment au bonheur. Pas au bonheur infini et durable, mais au bonheur qui dépend surtout de notre capacité à profiter de chaque moment au fur et à mesure que nous les vivons. Elle apprécie tout ce qui est en lien avec l’amusement, les jeux et le rire. Elle tend à la dispersion et a une affection particulière pour tout ce qui est futile. Elle est impressionnée par pas grand-chose. Cependant, c’est une jeune fille brillante et parfois, une partie de son être souffre de son manque d’investissement dans l’existence, dans les études. Parfois, elle se dit que ceux qui ont un point d’ancrage fixe avancent plus vite qu’elle, qui est toujours à la poursuite du renouvellement, passant d’un projet à l’autre, d’une île à l’autre, d’une vie à l’autre. Elle a énormément de capacités elle comprend à une vitesse affolante la plupart des concepts nouveaux qu’elle apprend. Toujours première de sa classe, elle est très studieuse en classe et c’est ce qui fait qu’elle obtient toujours d’excellents résultats malgré son caractère affriolant.

Son physique doux et pacifique inspire la confiance. Elle sait trouver les mots qu’il faut quand il faut et généralement les gens apprécient ses conseils. Même s’ils sont parfois trop francs. Elle manque parfois de tact. Elle préfère être franche au risque de blesser plutôt que d’englober ses propos et risquer d’être mal comprise. Sa famille et ses amis sont ce qu’elle a de plus précieux et les amitiés qu’elle tisse sont rarement éphémères même si elle pense n’avoir besoin de personne et que par conséquent il est assez difficile d’avoir une chance de la connaitre vraiment. Elle éprouve le besoin latent de se réfugier dans le rêve. Éprise d'au-delà, elle a besoin pour son équilibre et sa balance personnelle, d’une dose de merveilleux, de fantaisie, de poésie. Elle est très sensible à tout ce qui est nouveau, différent, étranger. Et parce qu’elle veut en apprendre le plus possible sur tout, elle adore discuter, partager, voyager. Elle rêve de symbiose, de pureté, d’ataraxie. Mashka réfléchit beaucoup avant de parler, préférant de loin un silence qui en dit long que des phrases vaines et vides de sens.

Quand un doux sourire orne son visage, Mashka ressemble à un ange. Pas un ange cliché avec ses long cheveux blonds et ses grands yeux, mais à un ange pur et réel. Ses traits, d’une impérieuse douceur et ses grands yeux d’un bleu profond s’adoussicent et vont même jusqu’à s’illuminer. Ils sont grands et semblent d’une profondeur infinie. Si quelqu’un à un jour dit que les yeux étaient le miroir de l’âme il n’avait jamais rencontré Mashka chez qui les yeux sont bien plus qu’un simple miroir, ce sont des chemins, les routes de l’âme. Toutes ses émotions passent par ses yeux. Elle est totalement dénudée quand on regarde ses prunelles claires, elle ne peut rien cacher, rien omettre, rien mentir. Elle est un livre ouvert, aussi dépouillée que les inscriptions noires sur les pages blanches de n’importe quel manuscrit.

Elle a le teint délicat, blanc, les joues d'un rose fleuri, des cheveux châtains légers, ondulés. Ses dents ont l'éclat d'une perle à la lumière du soleil et scintillent dans son joli sourire rosé. Lorsqu'elle rit, de petites fossettes se creusent dans les coins de sa bouche, au sein de ses douces joues rebondies. Son petit nez, fin et arrondi comme celui d'un bambin lui donne un air d'enfant, angélique et royal. Elle porte des lunettes pour lire, concentrée, immobile, des boucles rebelles de ses cheveux foncés viennent valser sur le devant de son visage et la jeune fille les attrape délicatement entre son index et son majeur pour les remettre doucement derrière ses oreilles. Alors, elle remonte ses lunettes sur son nez et porte sa main à sa nuque fine et descend pour effleurer le pendentif en argent qui orne toujours son cou, sans jamais interrompre sa lecture. Mashka est charmante, intrigante, douce et scandaleuse à la fois.