BAAAAM !
Après avoir violemment claqué la porte de sa voiture pour la refermer, Naomie s’enfuit en courant dans le campus. Furieuse et triste, frustrée et rageuse, déprimée et blasée, tout cela à la fois, elle courut jusqu’à arriver à la bibliothèque, serrant son sac de sport contre elle-même. Elle s’adossa au mur du bâtiment et se laissa glisser pour se retrouver assise au sol où elle laissa tomber son sac. Elle plia les jambes sous elle et enfouit le visage dans ses mains puis laissa couler quelques larmes silencieusement…
Nao avait passé une assez bonne journée dans l’ensemble. Les cours avaient été intéressants et le midi elle avait mangé avec son amie Lyah, elles avaient bien rit. Après manger elle était allée se balader en ville car elle n’avait pas cours. Un ami l’avait rejoint et ils avaient bien discuté. Ils s’étaient même donné rendez-vous pour le soir même, dans le but d’aller boire un verre ensemble. Puis en fin d’après-midi elle était retournée chez elle pendant une heure et avait récupéré son sac de sport pour venir à son entrainement. Seulement voilà, en arrivant sur le parking du campus, elle avait vu quelqu’un revenir. Un garçon. Il revenait du gymnase et se dirigeait vers sa voiture. Et pas n’importe quel garçon… Certains diraient qu’elle visait peut être trop haut par rapport à ce qu’elle méritait, ou tout simplement que ce garçon en particulier était beaucoup trop beau, trop bien, pour elle. Mais Nao réussissait en général à avoir ceux qu’elle voulait. Toujours pour une nuit, jamais pour la vie, car c’est ce qu’elle voulait. Les gars venaient même souvent à elle. A cause de sa réputation ou parce qu’ils la trouvaient simplement jolie ? Impossible à dire, mais elle s’en fichait, le résultat était le même. Seulement, à côtoyer autant de garçons, elle avait fini par tomber sur lui. C’était une évidence, c’était sûr et certain qu’ils finiraient par sortir ensemble un soir ou un autre ! La capitaine des cheerleaders et le quaterback de l’équipe de foot ! Ca fait cliché, certes, mais après tout, c’est partout pareil non ? Ils se voient régulièrement pendant les entrainements, puis pendant les matchs, ils se croisent forcément sur le terrain. Un joli cliché qui en ferait sourire plus d’un. Nao s’était laissée prendre au jeu, elle trouvait ça drôle, au début, ça l’amusait. Mais c’était sans compte CA ! Ce truc qui fait que dès qu’elle le voit depuis, elle se mord automatiquement la lèvre, que dès qu’il s’approche, elle sent son cœur accélérer, que des qu’il l’effleure, sa respiration se coupe, que quand il parle, ses yeux brillent, ou que quand il la désire, elle en tremble. Cette chose qu’elle se connaissait pas et aurait voulu ne jamais connaître. Cette sensation qui vous rend tellement euphorique et complétement déboussolé à la fois. Certains appellent ça l’amour, pour Nao c’est juste un truc qui l’embête vraiment ! L’amour, elle n’avait jamais connu ça et ça lui plaisait ainsi. Elle voyait autant de garçon qu’elle le voulait et c’était très bien. Seulement voilà, jamais elle n’aurait pu imaginer qu’en le fréquentant lui, ça se terminerait ainsi. Si encore, elle ne l’avait vu qu’une fois… Mais non, elle n’avait pas pu s’empêcher de retourner vers lui, encore et encore, de chercher son contact, sa présence. Pourtant elle savait très bien que ça ne mènerait nulle part. Et puis, Naomie, avouer qu’elle était en train de tomber amoureuse ? Jamais de la vie ! La fille qui court partout, voit plusieurs garçon, parfois dans la même journée, s’offre facilement à ceux qui en valent la peine, couche avec des garçons casés seulement parce qu’elle les veut, vous la voyez, vous, dire à tout le monde qu’elle tombait amoureuse ? Et qui plus est, du seul garçon qui ne voudra jamais d’elle ! Un des plus grands coureurs de jupon du bahut. Un des seuls qui avouent sans aucun scrupule qu’il ne fréquente une fille que pour le sexe et pour rien d’autre. Mais voilà, depuis, c’était lui. Lui et pas un autre.
Nao se passa la main sur les joues pour essuyer tant bien que mal les larmes qui coulaient, puis elle se releva. Elle plissa sa jupe et se força à sourire avant de reprendre la route en direction du gymnase, perdue dans ses pensées. Hicham Parker… Hicham… Hicham… Hicham… Pourquoi ne sortait-il plus de sa tête ? Pourquoi est-ce qu’elle ne pensait qu’à lui, nuit et jour, depuis le premier soir? Pourquoi est-ce qu’elle n’arrivait même plus à être attirée par les autres garçons comme avant ? Maintenant, elle ne regardait plus les gars comme avant. Elle ne faisait que les comparer avec lui. Lui, lui et encore lui. Nao grogna et secoua la tête. Sort de là, sort de là, sort de là !! Elle soupira en poursuivant sa route. Elle n’était même pas sûre de ce qu’elle voulait elle-même. Qu’il s’en rende compte et ressente la même chose ? Mais dans ce cas, ça voudrait dire ne plus jamais aller voir ailleurs. Et ça, c’était hors de question. Elle aimait trop sa liberté, elle aimait trop être désirée, elle aimait trop être dans leurs bras. Alors quoi ? L’oublier ? Si seulement c’était possible ! Et puis, toujours cette fichue peur quand l’un d’eux l’approchait, toujours ses cauchemars. Soit dit en passant, les cauchemars remplis de ses phobies se transformaient de plus en plus en cauchemar de disputes avec Hicham. Etrange non ? Mieux ? Oui peut être bien. Parce que même si ce n’était que des disputes, au moins, elle rêvait de lui. Nao grogna à cette pensée. Non mais, n’importe quoi ! Il fallait absolument que tout ça s’arrête. C’est en soupirant qu’elle entra dans le gymnase et se dirigea vers les vestiaires. Elle était bien à l’avance, comme toujours. Elle posa son sac à dos et commença à se déshabiller tranquillement, toujours plongée dans ses pensées. Elle enfila ensuite sa tenue de cheer et se dirigea vers le miroir pour se faire sa queue de cheval, brosse et élastique en main. Mais au même moment, quelqu’un entra. Et pas une fille, comme n’importe qui aurait pu s’y attendre. Non, un garçon, avec une serviette pour simple vêtement, autour de la taille.
Naomie haussa un sourcil et esquissa un sourire amusé. Elle le jaugea du regard, légèrement moqueuse, quand il prit la parole. Ne pas profiter ? Et bien elle allait se gêner ! Un garçon presque nu face à elle, il fallait être folle pour détourner le regard. Quoique, d’autres l’auraient sûrement fait, par respect ou par timidité. Mais pas Nao. Elle me jaugea donc du regard, des pieds à la tête, sans aucune gêne, le sourire aux lèvres. Bon, ok, au moins elle était sûre que Hicham ne l’empêcherait pas de toujours aimer mâter les gars. Pensait-elle à plus à ce moment précis ? Pas vraiment en fait. Parker était toujours dans sa tête. Elle repensa à ce qu’elle avait vu quelques minutes plus tôt. Il revenait du gymnase, tenant une fille par les épaules, contre lui, sourire aux lèvres. Il l’emmenait vers sa voiture, et aucun doute sur ses intentions. On parlait de Hicham là quand même ! C’est ce qui l’avait tant mise en rage alors qu’elle avait passé une bonne journée. Le voir avec une autre devenait de plus en plus insupportable. Seulement, elle ne pouvait rien faire, elle ne pouvait pas intervenir. Il n’était pas à elle et il s’en fichait complétement de ce qu’elle pouvait bien ressentir. Les disputes revenaient déjà bien trop souvent entre eux, lorsque Nao faisait une quelconque remarque à une fille qui voyait Hicham. Nao crispa les poings et grogna à cette pensée, avant de secouer légèrement la tête pour revenir au moment présent. Elle sourit en coin et s’approcha de lui. Elle se pencha, provocante, et l’embrassa sur la joue avant de s’écarter légèrement pour le regarder en face, les yeux brillants :
« Nao, enchantée. N’hésite pas à te tromper plus souvent de vestiaire ! Et pour ce qui est d’en profiter, retiens bien que je n’obéis jamais aux garçons ! »
Elle pencha légèrement la tête sur le côté, le regard enfantin et le sourire provocant. Elle le jaugea encore du regard en souriant. Il était vraiment pas mal, c’était un réel plaisir de l’avoir face à elle. Hicham vint une fois de plus troubler ses pensées et elle gémit. Elle grogna ensuite et se força de nouveau à sourire :
« Mais sans la serviette, la prochaine fois. »
Elle se passa la langue sur les lèvres et se tourna vers le miroir pour aller faire sa queue de cheval, amusée.
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